Il y a 70 ans, un jour après la signature d’un armistice avec l’Allemagne, un ancien sous-secrétaire d’Etat à la guerre lançait un appel historique sur les ondes de la BBC qui allait bouleverser le destin de notre pays, un appel qui allait aussi en faire le plus grand des Français.
Quand la France était à Londres
Il est sans doute impossible d’imaginer à quel point la défaite militaire du printemps 1940 a été traumatisante pour un pays qui avait gagné une vingtaine d’années auparavant sa confrontation avec l’Allemagne. En quelques semaines, notre stratégie militaire avait été balayée avec la même aisance que le Reich avait mise à liquider la Pologne. Mais malgré la défaite, l’immensité de notre empire colonial permettait alors à notre pays de continuer le combat, même s’il renonçait au réduit breton.
Quelques jours auparavant, Charles de Gaulle était parti en Grande-Bretagne pour discuter un projet de fusion de notre pays avec son voisin. Dans cet épisode peu connu, Winston Churchill avait réussi à vendre cette idée à son cabinet en y accordant une grande importance à la France, pourtant humiliée militairement. Ainsi, notre pays aurait pu continuer le combat. Malheureusement, Paul Raynaud n’eut pas l’autorité ni la capacité de conviction de son alter-ego anglais.
Le jeune Général prit donc la décision de se rendre en Grande-Bretagne pour organiser la résistance à cette capitulation qui ne prenait pas en compte toutes les ressources de notre pays. Il réussit à convaincre quelques colonies de rejoindre son combat, puis fit organiser un réseau de résistance interne et rassembla une armée qui s’illustra sur toute la planète. Ce n’était pas la France qui était à Vichy, mais un régime de circonstances prêt à toutes les capitulations.
Quand le destin d’un homme fait le destin d’un pays
1940 : la France écrasée, battue, humiliée, en partie soumise. 1945 : la France vainqueur de la guerre, en partie libérée par elle-même, participant clé à la défaite du Reich. Tout ceci, nous le devons à un homme qui a su s’entourer et résister à des pressions insurmontables par un autre homme, seulement guidé par sa vision de l’intérêt général, par sa vision de son pays. En sachant se grandir dans les circonstances, c’est toute la France qu’il a su remettre au niveau qui était le sien.
Charles de Gaulle a su élever la France. Il a su élever les Français qui ont bien voulu suivre ce chevalier désireux de libérer sa « princesse de conte ». Il a pris tous les risques, ne faisant guère de cas de sa situation personnelle. Mais s’il a pu entraîner de la sorte, c’est aussi parce qu’il avait toujours un coup d’avance. Il était capable d’anticiper les évènements. Il avait vu avant les autres le rôle que les blindés allaient jouer. Dès juin 1940, il anticipait comment la guerre allait finir.
Ce visionnaire avait anticipé que « la Russie de toujours finirait par boire le communisme » ou même les récents évènements en Belgique, comme le montre ce commentaire posté par RST sur le très bon papier de Malakine. En 1965, il avait prononcé ces mots qui trouvent une résonnance particulière avec la crise : « le laissez-faire ! le laissez passer appliqué à l’économie (…) a souvent, (…) donné au développement une puissante impulsion. Mais on ne saurait méconnaître qu’il en est résulté beaucoup de rudes secousses et une somme énorme d’injustices ».
Le Général de Gaulle est et restera un phare pour notre pays. Pour encore quelques siècles, ce qu’il a fait, dit et pensé pourra guider notre pays. Mais pour cela, il faudra des hommes capables d’oublier leur ego pour se mettre au service d’une idée qui les dépasse, la France.
Laurent Pinsolle